SUJET N°2 : Peut-on dire de l’art qu’il dépasse la raison ?
INTRODUCTION
Je suppose qu'il est arrivé
au moins une fois, aux femmes et aux hommes qui ont atteint un certain âge, de se dire
intérieurement ou publiquement et à haute voix, ceci me « dépasse »
ou alors ils ont été des témoins de cette déclaration. Indépendamment de la nature des
évènements et de leurs autres caractéristiques, cette déclaration est un aveu,
une confession, une prise de conscience de l’apparition d’une limite physique
ou métaphysique, d’une limite matérielle qui s’oppose comme une ceinture de
policiers délimitant un horizon indépassable, quelque chose comme le pouvoir
qui ramène Sisyphe vers le bas de la montagne avec son rocher, une limite qui s’oppose à l’explication
scientifique et relativement objective
ou à la compréhension subjective de la raison humaine. A l’église, en pleine messe, quelque présence humaine
pleurer avec des larmes extérieurement visibles ou intérieurement quand la
chorale l’atteint dans ce que son humanité a de spécifique et provenant de la nature ou de son éducation parmi les
hommes ; pareillement chez certains quand ils récitent ou entendent
réciter des versets du Coran ou des Khassaïd ou des choses de cette nature ;
de même qu’on voit ces états existentiels dans les concerts de rock les plus
fous. Comment un mot peut-il faire pleurer ? Comment le timbre de la voix
peut-il charger le mot avec une puissance différente qu’auraient les mots dans
d’autres contenants ? C’est le pouvoir de l’art qui chante, qui danse, qui
écrit, qui sent, qui dessine, qui sculpte, qui imite, qui invente, qui s’accorde
avec la nature et la réalité historique ou qui les défigure, qui produit ce dans quoi la raison humaine ne
voit pas toujours ce qui agit et fait agir et ce sur quoi ce pouvoir agit dans
l’intimité de l’homme et qui fait non seulement partie de l’humain, mais qui
semble être son fond le plus ancien, le plus véridique, le plus divin. N’avons-nous
pas là des faits empiriques pour dire que l’art n’est pas toujours saisissable,
mesurable ou compréhensible dans ses divers aspects par les divers pouvoirs de
la raison humaine dans la philosophie et dans les sciences, parce ayant pour
source et pour horizon quelque chose qui marque une rupture radicale entre l’homme
et l’animal ? En conséquence, peut-il y
avoir une science qui distinguerait ce qui est beau de ce qui est laid et qui qui s’appellerait esthétique ?

Mais cette spécificité de l’art, cette obscurité de l’art qui résiste à l’examen
de la raison, suffit-elle pour dire que l’art dépasse la raison si par le
même verbe « dépasser » nous pouvons comprendre aller plus loin dans
la même étendue spatiale et temporelle ?Peut-on dire que le regard de l’art
et les rapports de l’art sur la réalité sont plus profonds et plus
authentiques, plus clairs, plus universels que les rapports de la raison dans
la même réalité par la philosophie ou par la science ? D’autre part, peut-il y avoir un art de penser, de faire, de
dessiner, de parler, de vivre, de construire, de se conduire dans les affaires
quotidiennes et dans les affaires spéciales touchant la vie individuelle ou la
vie sociale sans la présence d’aucune raison. Le beau n’est-il pas un certain
ordre, une certaine harmonie, un ensemble de rapports et de proportions dans
une totalité sensible ou métaphysique ou comme disent d’autres, le beau n’est-il
pas aussi le bien et peut-il y avoir du bien ou de l’ordre sans une raison qui
la dessine consciemment ou inconscient ? L’art peut-il alors sortir du
champ de la raison pour s’inscrire exclusivement dans celui des
sens, des émotions personnelles
insaisissables par les porteurs et par les observateurs extérieurs ?
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