Le conséquentialisme nous propose une procédure de décision
morale. Il nous demande de nous placer dans une situation telle qu’il soit
possible de comparer deux ou plusieurs lignes d’actions selon leurs résultats,
et il nous recommande de choisir celle qui produira le meilleur résultat
général tel qu’il est jugé à partir d’un point de vue impersonnel qui donne un
poids égal aux intérêts de chacun. Ce genre de principe est souvent rejeté sous
les prétexte qu’il est trop « abstrait ».Mais en fait, c’est lui qui
inspire une éthique qu’on a plutôt l’habitude de dire
« concrète » :l’éthique de
la responsabilité par opposition à
l’ éthique de la conviction.
On pourrait envisager la possibilité que le meilleur résultat général sera toujours celui qui vient en conséquence d’actions accomplies conformément à certaines règles de devoir et d’obligation (« ne pas mentir », « ne pas tuer des innocents », »tenir ses promesses »,etc.).Mais la possibilité existe aussi que tel ne soit pas le cas. Il suffit de penser au fameux exemple discuté par Kant. Pour échapper aux assassins qui le poursuivent un ami innocent se réfugie chez moi. Les bourreaux se présentent à ma porte et me demandent : « Ton ami est-il chez toi ? » Si j’agis conformément à la règle qui prescrit de ne mentir en aucune circonstance, mon ami innocent sera probablement assassiné.
C’est exactement dans ce genre de situation que la
distinction conséquentialisme/déontologie paraît évidente. Le conséquentialisme
et la déontologie s’accordent sans aucun doute pour reconnaître qu’un état de
chose dans lequel la vie d’une personne
innocente est sauvée est préférable à une autre dans lequel cette
personne serait assassinée. Mais ils s’opposent relativement à ce qu’il faut
faire dans ces circonstances. L’éthique déontologique affirme que, même dans
ces cas, ces règles de devoirs ou d’obligations doivent être respectées.
Autrement dit , pour l’éthique déontologique d’inspiration kantienne, certaines
règles doivent être respectées quelles que soient les conséquences. D’une autre
façon ce qui caractérise le conséquentialisme c’est le refus d’endosser cette
attitude…
A côté de ces deux grandes théories morales ( et en réaction
contre elles),il existe une autre façon de concevoir l’éthique, plus ou moins
inspirée d’Aristote. Elle n’ d’Aristote. Elle n’insiste ni sur les états de
choses ni sur les actions, mais sur le
genre de personne qu’il convient d’être, de sentiments qu’il est bon d’éprouver, de dispositions qu’il est
souhaitable de cultiver. On l’ « appelle éthique des vertus »
Ruwen Ogien, La
honte est-elle immorale ?, « la honte est-elle une vertu ? », Collection Le temps d’une question, Editions Bayard, octobre
2002,pp.125-127.
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