INTRODUCTION
1.
Un jour, dit Rousseau reprenant Aristote,
au milieu de l’immense catastrophe généralisée annonçant sa sortie de l’état de nature, l’homme découvrit
qu’il était quelque part un animal
politique séparé de ses semblables à retrouver, pour espérer assurer sa
survie et trouver ce qu’il est venu chercher dans cette autre région du monde
où il vient d’entendre une part de son destin.
2.
Un animal politique, ce n’est pas seulement un être vivant sensible mais aussi et surtout,
un animal dans l’intimité duquel se réveillent la conscience du risque
annoncé par l’instinct, et en même temps, le devoir , le droit et la
pleine volonté et la décision de faire face à tous ces dangers encore pas tous
visibles mais bien présents parce que profondément ressentis dans sa propre
intimité et en dehors de son intimité à la fois fermée et ouverte aux autres, et
se propose d’influencer le mouvement d’extension
ou de compression des pouvoirs
positifs et des pouvoirs négatifs dont il
sent la présence dans propre intimité et dans d’autres intimités d’autres
existants proches ou éloignés et dans son environnement physique et
institutionnel, en vue d’arriver individuellement ou collectivement à une fin bien mesurée, connue, voulue, désirée et
choisie parmi d’autres
possibles dans un monde en perpétuellement extension et compression sous
les mouvements à la fois séparés et solidaires, volontaires et involontaires de
ses pouvoirs.
3.
Si l’homme est un animal politique, parmi ses devoirs, ses droits et ses pouvoirs les
plus anciens, figurent celui de s’interroger
sur sa présence et sa condition
dans ce grand ensemble de l’existence qu’on appelle monde ou univers.
4.
C’est ce devoir plus que mon droit que je pourrais
autant faire valoir, qui m’assure que je peux prendre le chemin de ces Rechercherches philosophiques sur la condition humaine dans l’existence sans la moindre inquiétude,
si ce n’est la peur de tomber au cours de ce chemin, dans l’insensé ou dans
l’absurdité par quelque déficit de ma raison qui
ne saurait jamais quitter celles de tous les humains.
5.
Je n’ai rien reçu que je devrais par quelque
contrainte ou que je voudrais librement communiquer aux autres. Je ne fais qu’essayer de comprendre à
ma manière, par ma sensibilité physique, intellectuelle, morale et politique,
de construire, de reconstruire, de donner un sens et une valeur à ce que
l’observation de l’existence m’autorise à croire ou à démontrer. Mes amis m’appellent
familièrement « Philosophe », à tort
ou à raison ou par moquerie. Si être philosophe est un devoir de penser, c’est alors
pour assurer mon devoir à l’égard de ces amis qui s’occupent ailleurs dans des
activités qui leur sont utiles, qui me sont utiles et donc utiles pour la
société.
6.
Nos sources de renseignement nous indiquent dans le Dictionnaire Larousse et ailleurs, que pour
l’esprit de la culture française, « exister
c’est être présent dans une étendue spatiale et temporelle », ou d’une
manière générale, dans un contenant et donc avec
et en tant que contenu naturel nécessaires ou
accidentel.
7.
Cette vision ou cette
indication ou cette condition pour fonder l’existence,
est partagée par l’esprit de la culture latine
qui aurait donné au français les composantes linguistiques du mot, puisque le
mot exister viendrait des mots « existere » ou « exsistere »
pour dire « sortir de quelque chose »,
« naitre de quelque chose », « se montrer », « se
tenir debout », etc.
8.
Ce qui sort et ce qui entre sont de même nature ou
forment une même réalité. Pour « sortir de »
quelque chose d’autre ou de sa propre intimité, il faut d’abord « être présent dans » quelque chose et
généralement, tout ce qui sort de quelque chose se meut pour entrer dans
quelque chose d’autre. Quant aux wolofs et au sérères du Sénégal, ils
déclarent qu’ « exister c’est avoir » parce
que pour dire que la chose dénommée «A existe », le wolof dit que la
chose « A amna » et le sérère, la chose A « A jiga ». Or « Am »
veut dire « avoir » comme verbe et « Am-am » désigne l’avoir
ou la propriété, la richesse, le capital, comme le mot « Jig » en
tant que verbe signifie « avoir » et l’expression « O Jig »
désigne la propriété, etc.
9.
Pour qu’il puisse y avoir d’entrée ou de sortie, de
même que pour qu’il puisse y avoir appropriation et quelque chose à s’approprier,
il faut nécessairement une activité de conception, de constitution matérielle,
donc, un mouvement, une force, un pouvoir. Et selon
le médecin français Edouard Claparède, dans la
nature comme dans l’histoire des choses et des êtres humains, tout mouvement est causé par un rupture qui crée une
insatisfaction et est donc, la recherche d’une
satisfaction provisoire ou définitive, en vue de
mettre fin ou de suspendre provisoirement une sensation désagréable, une souffrance physique ou morale ressentie par l’intimité
en mouvement ou par une autre à laquelle elle est attachée par la nature ou par
un contrat historique au sein d’une totalité solidaire.
10.
Ainsi donc je me
suis dit que pour espérer arriver à une
compréhension non pas intégrale de toute l’existence, mais au moins d’une
portion significative de sa réalité physique et sensible ou d’une autre
dimension, je pourrais chercher à comprendre
11.
Qu’est-ce que l’existence cherche à atteindre
quand elle sort de là où elle sort ou quand elle entre là où elle entre
volontairement ou involontairement ? Ou bien elle
cherche à donner ou alors à recevoir, car, Senghor
a bien raison de voir le monde comme un
gigantesque pâturage dans lequel chaque unité
naturelle ou artificiellement composée par l’homme au cours de son histoire, c’est-à-dire
du mouvement de l’extension et de la compression positive ou négative des
pouvoirs positifs et des pouvoirs négatifs individuels dans son intimité et
dans son environnement au cours de leurs actions et interactions contrôlables et
non maîtrisables, est à la fois une pâture et à la recherche d’une pâture...
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