Monsieur
Démasquez était venu avec une cage. Une cage en vitre transparent. Une espèce
d’aquarium. Il a déposé la cage sur le bureau de la classe devant les élèves.
Il a ensuite enlevé le voile noir qui
recouvrait la cage et a demandé aux élèves si la cage est transparente ou
opaque. Les élèves ont répondu qu’ils voyaient bien que la cage est
transparente. Ensuite il a demandé si la cage contenait quelque choses oui ou
non. Certains élèves ont répondu que la cage était évidemment vide comme un
désert. Certains ont répondu que la cage n’était peut-être pas vide mais ne
contenait pas ce que leurs yeux pouvaient voir.
Parmi ceux là, le très brillant
Jean-Paul Sincert, expliquait qu’il se pouvait que la cage soit remplie d’air.
Peut-être aussi contenait-elle de minuscules pores par lesquels, et que tout en
apparaissant impénétrable et isolé elle communiquait avec son monde extérieur.
La cage qui nous apparaissait vide pouvait disait-il, être habitée par des
êtres microscopiques invisibles de l’extérieur et par l’œil humain normal.
Lorsque
Monsieur Démasquez a demandé à Jean-Paul Sincert s’il avait une idée sur
comment savoir si la cage est vide ou non, il a répondu qu’il n’avait aucune
idée sur cette question. Monsieur Démasquez visiblement très content de
l’esprit de Jean-Paul Sincert, le plus petit et le plus effacé de la classe,
mais aussi le plus visible, a félicité mademoiselle Alternance, car pour lui,
ce « roseau pensant » était la preuve qu’elle avait su au moins
enseigné à voir clair. La philosophie disait-il alors, n’est pas très éloignée
de la science.
Monsieur Démasquez croyait-il en Dieu ? Ni la philosophie
ni la science ne peuvent répondre à cette question. Personne ne peut y
répondre.
En
tout cas ce jour là, il a dit que Dieu n’aime pas la nudité. Dieu aurait selon
lui, enveloppé toutes choses qu’il a
créés dans un voile très épais pour éloigner et son intimité et son être
véritable des regards et des langues qui détruisent tout. Comme la philosophie
disait-il en demandant à mademoiselle la spécialiste de la redresser s’il
s’inclinait et infléchissait à tort le sens de la philosophie, la science aussi
aime déshabiller, dissiper le brouillard qui embrouillent le miroir de l’être.
M.
Démasquez a ouvert la cage et y a introduit un récipient rempli d’eau, un autre
avec des morceaux de carotte, un autre avec un mélange de morceaux de chair de
toutes sortes, un autre avec un morceau de métal et un autre avec de la cigüe.
Ensuite il a refermé la cage. Il avait pesé tout cela au moins d’une balance.
Il y avait en tout 3 kilogrammes de matières introduites dans la cage.
Sous
les regards des élèves qui faisaient exactement 77 dans la classe, toute cette
matière a disparu d’un seul coup, en l’espace de quelque secondes : trois
secondes selon certains élèves et montres, d’autres quatre, d’autres cinq.
A
la fin de l’expérience, mademoiselle Alternance a demandé s’il y a avait des
questions.
Des questions il y en avait. Mais aucun élève
ne douta du statut de monsieur Démasquez. A cette époque là les charlatans de
toutes sortes faisaient légion à Pagaal, surtout à Guirore. La vie était
devenue tellement dure que chacun pouvait apparaître comme un sauveur, même
étant le plus démuni en or ou en diamant et surtout en imagination. Il
suffisait d’être audacieux et de savoir profiter de la situation de faiblesse
généralisée. C’est monsieur Démasquez qui avait convaincu Keynaak d'inscrire Thiakhane Fakher au Lycée de la vie.
Un matin, alors qu’il allait en excursion dans la
nature, monsieur Démasquez était passé par les enclos de Yokaam. Ce matin là,
une vache venait de mourir dans l’enclos sans aucune cause apparente qui se fit
voir la veille. Monsieur Démasquez avait alors ouvert la bouche de l’animal de
laquelle sortait une abondante salive noirâtre. Trois jours après il est revenu
aux enclos de Yokaam. Il avait fait plus de cent kilomètres pour tenir sa
promesse. Il est venu avec un autre homme et ils ont vacciné tout le bétail
sans rien demander. Qu’est-ce qu’il gagnait ainsi ? Peut-être qu’ils
avaient gagné quelque chose avant de venir.
Monsieur
Démasquez n’était pas un charlatan, un homme qui sait parfaitement qu’il ne
sait rien de ce qu’il prétend connaître et qui donc ne peut rien sur ce qu’il
prétend pouvoir agir. A moins que la communauté internationale ne soit
complice, il était un scientifique d’une renommée internationale. Les
recherches de son équipe avait permis à l’humanité d’agir en bien comme en mal.
Tous les élèves, même ceux qui ignoraient tout de son métier et de son grade,
savaient que monsieur Démasquez n’était pas un docteur ès magie, mais un
professeur ès sciences et arts de la vie à Guirore.
Comme il est scientifique
et ne veut pas être confondu avec n magicien ou un faiseur de miracles par une
grâce qui échappe à son contrôle il vit la nécessité d’une explication
rationnelle définitive ou provisoire.
-il
nous faut expliquer rationnellement et objectivement ou au moins subjectivement
ces faits que nous venons d’observer en attendant des confirmations, si vous
refusez de me voir comme un magicien ou un organisateur de miracles en tout
genre de miracles et si moi-même je me refuse de me mettre dans ces habits. Il
se trouve que nous venons de prendre connaissance depuis trois 8 jours
seulement, d’un être vivant assez particulier. Je ne vois pas pourquoi, mais
mademoiselle Alternance qui fait partie de notre équipe a tenu à ce que ce
spécimen vous soit exposé avant que vous n’entamiez le chapitre sur la vie
sociale.
Quand
il a fini de parler ainsi aux élèves mademoiselle Alternance a dit qu’il
s’agissait de réfléchir sur ces faits durant les vacances de noël et de voir
dans quelle mesure ils pouvaient avoir une relation avec la vie sociale. Les
chercheurs de Pagaal n’ignoraient pas tout de cet être vivant qu’il avait mis
en cage. Un être vivant aussi minuscule qu’un atome qui absorbe tous les atomes
autour dans son espace…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire