Tout nous porte à
regarder l’espace comme le lieu des corps, sinon réel, au moins
supposé ;c’est effet par le secours des parties de cet espace considérées
comme pénétrables et immobiles que nous parvenons à nous former l’idée la plus
nette que nous puissions avoir du mouvement .Nous sommes donc comme
naturellement contraints à distinguer au moins par l’esprit deux sortes
d’étendue dont l’une est impénétrable et l’autre constitue le lieu des corps.
Ainsi, quoique l’impénétrabilité entre nécessairement dans l’idée que nous nous
formons des portions de la matière, cependant, comme c’est une propriété relative,
c’est-à-dire dont nous n’avons l’idée qu’en examinant deux corps ensemble, nous
nous accoutumons bientôt à la regarder comme distincte de l’étendue, et à
considérer celle-ci séparément de l’autre, bien que l’impénétrabilité soit une
hypothèse nécessaire à l’idée que nous nous faisons de la matière.
Werner Heisenberg,
La nature dans la physique contemporaine, Éditions Gallimard,p.148.
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