mercredi 29 septembre 2010

Science et falsificationisme:les échecs des théories actuelles sont des conditions nécessaires pour l'émergence de nouvelles théories plus puissantes et plus étendues



Nous retournons après cette digression à la conception falsificationiste du progrès de la science comme processus menant des problèmes aux hypothèses spéculatives, à leur tour critique et à leur falsification éventuelle puis à des problèmes nouveaux. Deux exemples vont illustrer ce point, le premier raite du vol des chauves-souris, le second du progrès de la physique.


Nous commençons par un problème. Les chauves-souris sont capables de voler avec aisance et à grande vitesse, en évitant les branches des arbres, les fils télégraphiques, les autres chauves-souris ; en outre, elles ne volent pratiquement que la nuit. Cela pose problème car la théorie plausible selon laquelle les animaux, comme les humains, avec leurs yeux est apparemment falsifiée. Un falsificationiste essayera de résoudre ce problème en émettant une conjecture ou hypothèse…

Le développement de la physique d’Aristote à Einstein en passant par Newton fournit un autre exemple sur une plus grande échelle. La description falsificationiste de ce développement est la suivante. La physique aristotélicienne a remporté, dans une certaine mesure, de nombreux succès. Elle a réussi à expliquer un grand nombre de phénomènes :la chute des objets lourds au sol(ils rejoignent leur lieu naturel, au centre de l’univers),le fonctionnement des siphons et des pompes élévatrices(dont l’explication est fondée sur l’impossibilité du vide),etc.

Mais la théorie d’Aristote a fini par être falsifiée, à de nombreuses reprises.

Les pierres lâchées du haut d’un mât dans un bateau en mouvement uniforme tombent sur le pont au pied du mât et non à une certaine distance du mât, comme elle le prédisait. Les lunes de Jupiter tournent autour de Jupiter et non autour de la Terre. Nombre d’autres falsifications s’accumulèrent au cours du XVIIème siècle. La physique de Newton, au contraire, après avoir été créée et développées sur des conjectures comme celles de Galilée et de Newton, se révéla supérieure à la théorie d’Aristote qu’elle remplaça.

Si la théorie de Newton était capable de rendre compte de la chute des corps, du fonctionnement des siphons et des pompes élévatrices et tous autres phénomènes déjà expliqués par les théories d’Aristote, elle pouvait expliquer aussi des phénomènes qui étaient problématiques pour les aristotéliciens. En outre, la théorie de Newton put expliquer des phénomènes qui n’étaient pas pris en compte par la théorie d’Aristote.
A.F.Chalmers,Qu’est-ce que la science ?, « falsification et progrès »

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