samedi 25 août 2012

Philosophie de l'être chez Socrate: On ne peut pas voir le soleil sans voir la lumière


Par contre, on ne peut pas voir le soleil ou concevoir un soleil sans voir la lumière. Pareillement,  on ne peut voir une lune dans le ciel physique dans un ciel métaphysique sans voir la lumière. Celui qui dit voir une étoile voit nécessairement et en même temps, matériellement ou conceptuellement,  une lumière. Les couples (soleil et lumière), (étoile et lumière) et «lune et lumière », « luciole et lumière » « œil et lumière », « eau et lumière »,  sont des couples inséparables comme le recto et le verso d’une feuille forment un couple inséparable et une même réalité divisible et en même inséparable. Autrement dit, ce n’est pas seulement sa forme qui fait ou définit le soleil ou l’étoile ou la lune. La lumière est donc une composante  naturelle,  une propriété naturelle du soleil d’émettre de la lumière, soit parce qu’il produit cette lumière en permanence, soit parce qu’il est couplé à une réalité qui ne le quitte pas, à un être qui ne le quitte pas et qui est toujours lumière et chaleur. L’être de la chose, c’est donc ce à quoi renvoie nécessairement l’évocation ou la vue de la chose, soit à ce qui peut produire la chose, soit à ce que la chose peut produire. L’étoile renvoie à une certaine forme parmi les formes possibles des choses géométriquement représentables. Cette forme permet par exemple de la distinguer du soleil en tant que progénitures naturelles de l’être lumière. L’étoile renvoie nécessairement à la lumière au sens propre au figuré du terme lumière. Quand  on dit  par exemple l’étoile de la perche, on pense à une championne ou à un champion olympique dans ce sport. De même quand on pense à l’étoile on pense naturellement au ciel en tant que contenant. De même quand on pense étoile on pense au temps, à un moment qui est la nuit, par habitude.

 

L’être est donc la mesure de toute chose. Non pas la mesure provisoire et accidentelle, mais la mesure invariable qui contient l’existence de toute chose ou celle que contient toute chose isolable des autres. L’être est donc à la base de toute existence particulière. C’est pourquoi aussi l’être est concevable comme un couple formé par  ce qui est mesurable et ce qui le mesure et ce qui les couple. L’être ou le mot être, c’est comme une aiguille entre les deux termes d’une balance. Connaître donc une chose c’est connaître son être en tant que contenant ou en tant que contenu.

 

Comme l’être est la mesure de toute chose, l’être est la mesure de toute connaissance et la mesure de toute action pratique et de l’action politique en particulier. Ce n’est pas hasard comme l’écrit Machiavel que « la plupart des penseurs politique…nature de l’homme » ou son être parmi les êtres.

 

Ce que demande Socrate dans la question "qu'est-ce que c'est?"


1.  Ce que demande la question « qu’est-ce que c’est ? »

 
Partons de quelques exemples empiriques pour savoir ce que Socrate demande de déterminer quand on entreprend l’étude d’une chose quelconque.  Aux questions « qu’est-ce que c’est le soleil ? », « qu’est-ce que c’est la lune », « qu’est-ce que c’est l’étoile » et « qu’est-ce que c’est l’ampoule électrique ?», on peut bien répondre et avec raison dans une certaine mesure, que :

 

1.      « Le soleil est un contenant de la lumière. »

2.      « La lune est un contenant de la lumière. »

3.      « L’étoile est un contenant de la lumière. »

4.      « L’ampoule électrique est un contenant de la lumière. »

 

Si on considère ces quatre propositions comme étant vraies, théoriquement et matériellement,  en même temps, on doit poser que le soleil, la lune, l’étoile et l’ampoule électrique et d’autres contenants naturels ou artificiels de cette, sont une même et unique chose qui s’appelle la Lumière. Ou alors, ces différents contenants et contenus,  appartiennent à une même famille de réalité dont la mère s’appelle la Lumière et ont un pouvoir du même genre : le pouvoir d’éclairer. L’œil fait partie aussi de cette famille d’être et de pouvoir.

 

 

Nous dirions alors que : « Le soleil est lumière, la lune est lumière, l’étoile est lumière, l’ampoule électrique est lumière ». Cette affirmation reviendrait aussi à dire que «  la lumière est une propriété du soleil » comme elle est une propriété des autres sources dans lesquelles nous faisons empiriquement son apparition dans les temps et dans les lieux de nos expériences.

 

Comme la lumière, sans cesser d’être une seule et unique réalité, atteste son existence et sa présence en différents contenants, au même moment ou en des moments différents, on en déduit que la lumière est naturellement une réalité divisible et naturellement divisée. L’existence de la lumière est donc antérieure à celle de tous ses contenants particuliers naturels ou artificiellement créés pour sa capture et sa domestication. Tous ces abris naturellement sont donc par rapport à la lumière en tant que réalité isolables, des voies particulières par lesquelles la lumière vient à l’existence dans un temps déterminé, dans un lieu déterminé et sous une forme déterminée, avec une quantité et une qualité déterminé, mais toujours avec le même pouvoir attaché à un pouvoir correspondant. Le pouvoir de la lumière est d’absorber l’obscurité et d’éclairer ce qu’elle cache. Ce pouvoir qui est dans la lumière et qui s’actualise dans différents contenants, est l’essence, la nature ou la propriété qui permet de définir le concept de soleil ou celui de lune ou un autre dans la même famille de l’être originel, unique et universel appelé « être Lumière ». En d’autres termes l’être est toujours accompagné d’un pouvoir exclusif ou spécifique mais commun,  qui permet de l’isoler des autres êtres, ou qui permet de l’intégrer dans une famille autour d’un être général pouvant avoir plusieurs formes de présence et d’expression particulières dans les temps et dans les lieux des mondes de son apparition. Le soleil, la lune, l’étoile, l’ampoule électrique, la luciole et d’autres contenant naturels ou artificiel participe d’un même être qui a le pouvoir de se mouvoir et de se déposer en différents lieux disposés dans le temps et dans les lieux de son mouvement, de sa division et de sa dispersion.

 Si par supposition ou effectivement on parvenait à séparer le soleil de la lumière, le soleil perdrait son être, son essence, son pouvoir, sa fonction puisque le soleil mourait en tant qu’être lumière. On voit sans doute donc qu’entre les deux propositions « le soleil est lumière » et « le caméléon est vert », il y a une grande différence. Dire que « le caméléon est vert » revient à dire que si « l’être vert » sort du caméléon, le caméléon cesse d’exister en tant qu’organisme de la nature ou alors perdrait les propriétés fondamentales qui le séparent des autres existants. Ce qui n’est pas le cas. Le soleil meurt immédiatement en tant qu’être quand on le sépare de l’être lumière, même si l’être lumière ne meurt pas quand il se retire du soleil. Par contre le caméléon ne meurt pas quand le vert sort de son existence. La lumière est donc l’être constitutif, une propriété et un pouvoir nécessaire pour l’existence de l’être soleil. L’être vert est par contre un semblant d’être, un dépôt d’être passager qui vient accidentellement habiller le dehors de l’être caméléon sans rien perturber dans son intériorité ni dans ses comportements et pouvoirs naturel. De même, la proposition « L’eau est liquide » n’est pas toujours vraie dans le temps et dans les lieux où l’on constate l’existence  et la présence de l’eau dans ses contenants. L’eau peut devenir solide ou gaz. L’état liquide, l’état gazeux et l’état solide ne sont donc pas des contenus et des contenants constants de l’être eau. L’eau peut sortir de l’état gazeux ou autrement dit, l’état gazeux peut sortir de l’eau. La propriété ou l’être de l’eau c’est comme celui du caméléon par rapport à la couleur :le caméléon est l’absence totale ou la présence de toutes les couleurs comme l’eau est l’absence d’un état fixe mais la possibilité de se contenir dans le monde dans tous les états.

Un contenant n’est donc pas nécessairement le propriétaire authentique de ce qu’il contient. De même, un contenu n’est pas toujours la propriété de ce dans quoi il est contenu ou supposé être contenu. 

 
C’est pourquoi aussi dans la conception que Socrate se fait de l’être de la réalité générale ou particulière à penser,  en tant qu’élément introduisant un rapport, en tant qu’état ou propriété, il n’est pas juste de dire que « le caméléon est (le ) vert » ou « le caméléon contient le vert » ou encore « le vert est ( le ) caméléon ». Le vert n’est pas une propriété avec laquelle le caméléon est constitué naturellement. Le caméléon n’est qu’un contenant accidentel que le vert a rencontré. Le vert n’est pas une propriété inséparable de l’existence du caméléon. Le vert n’est qu’un emprunt passager, quelque chose à rendre à son légitime propriétaire à savoir l’être vert qui est domicilié en dehors du corps du caméléon et de tous les corps naturels ou artificiels qui peuvent le contenir et revendiquer sa propriété.  C’est pourquoi,  en transformant le mot être par le mot égaliser, on ne peut pas dire que « caméléon égale vert » et « vert égale caméléon ».

Socrate et la philosophie de l'être

                                 PREMIERE PARTIE:  REFLEXION SUR L'ETRE


I.         Le problème de l’être chez Socrate


1. La question initiale « qu’est-ce que c’est ? »


 Dans les dialogues de Socrate dont Platon est le rapporteur, la question initiale et incontournable est celle qui pose le problème de l’être : Socrate commence toujours par se demander ou par demander à son interlocuteur de chercher une solution acceptable pour la question : « qu’est-ce que c’est ?».  Ainsi dans Le Ménon, un ouvrage dont le titre porte le nom de son interlocuteur, à la demande initiale de son vis-à-vis qui vient d’un autre lieu de sagesse, Socrate pose une question au lieu de donner une réponse : « Qu’est-ce que c’est la vertu  » selon toi, mon cher Ménon ?  L’activité intellectuelle durant laquelle et par laquelle l’esprit cherche à fournir une solution acceptable à la question « qu’est-ce que c’est ? », et le résultat qui émane de cette entreprise intellectuelle sont fondamentaux chez Socrate quand il réfléchit sur une réalité quelconque. La résolution de cette question initiale commande la résolution de toutes les autres questions possibles sur la chose examinée. Cette phase de la production ou de la reproduction intellectuelle de la réalité de chaque chose considérée en elle-même s’appelle définition ou conceptualisation. La conceptualisation est le processus par lequel,  l’esprit,  usant des normes de mesure et de capture de la raison, essaye de se faire subjectivement ou objectivement, une image mentale abstraite propre et exclusive, une identité spécifique à ce dont on parle,  et de l’isoler d’autres existants possibles,  proches ou éloignés, matériels ou immatériels,  en le présentant dans une formule faite dans un langage approprié ce qui contient la chose ou ce que la chose contient comme propriété distinctive.

jeudi 21 juin 2012

L'homme est séparé de lui-même



Mon ami l’inspecteur Hutopie n’est pas encore au terme de son enquête, mais aujourd’hui, il croit avoir atteint une vérité de base. Ce qu’il sait et prend comme une vérité fondamentale pour sa mission, il dit l’avoir trouvé chez les anciens, notamment chez les grecs. Les anciens savaient déjà dit-il, qu’il existe un animal qui a plus d’une tête. Ils l’appelaient « l’hydre de Lerne ». L’homme est de ce genre d’être vivant. Ce monstre de la mythologie grecque n’est qu’un tout petit rejeton de l’homme. Il n’a que 7 têtes alors que l’homme en a une infinité. L’homme a un nombre infini de têtes, plusieurs corps, plusieurs esprits, plusieurs âmes. En surface on ne voit de lui qu’une seule tête, mais les diverses circonstances de l’histoire montrent clairement qu’en dessous de la tête unique et unifiée sur ses épaules, une multitude de têtes se cachent « en puissance », se bousculent, se querellent et se battent pour le contrôle de sa vie. L’homme n’est pas un être mais un abri d’êtres vivants de toutes sortes imaginables toujours mis en location et jamais remplie. Je crois avoir expérimenté cette vérité dans ma vie individuelle. Mon ami dit lui aussi que cette vérité vit en  lui. Deux hommes sincères suffisent pour parler de l’homme en général puisque la mise en examen d’un milliard de cas particuliers reviendrait à la même validité. A quoi et à qui cette vérité métaphysique et aussi chaude que le soleil pourrait-elle servir ? Mon ami et moi enquêtons sur la politique, sur la « bonne gouvernance ». Nous commençons donc par cette vérité qui ne concerne certainement pas deux cas seulement : l’homme est naturellement séparé de lui-même.

dimanche 15 avril 2012

Max Weber : Tout comportement observé dans les groupements humains n’est pas une « action sociale »


Une simple « imitation » de l’activité  d’autrui (sur l’importance de laquelle G. Tarde a très justement mis l’accent) ne serait pas conceptuellement une « activité sociale » en un sens spécifique si elle se produisait par simple réaction, sans orientation significative de l’activité propre d’après celle d’autrui. La frontière est à ce point flottante qu’il est à peine possible de faire une distinction.


Le simple fait qu’un individu adopte une disposition qu’il a remarquée chez autrui et qu’elle lui semble utile ne constitue pas encore une activité sociale en notre sens. En effet, cette activité ne s’oriente pas d’après le comportement d’autrui, mais,  ayant appris à conduire par l’observation du comportement d’autrui qu’il existe certaines chances objectives, l’agent s’orient d’après celles-ci. Son activité est donc déterminée causalement et non significativement par le comportement étranger.


Au contraire, si l’on imite l’activité d’autrui parce qu’elle est la « mode », qu’elle vaut par tradition, qu’elle est exemplaire, qu’elle passe pour « distinguée » dans certains milieux ou autres raisons analogues, nous sommes en présence d’une relation significative, soit par rapport au comportement des imités, soit à celui de tiers, soit aux deux à la fois.

Il y a évidemment entre tout cela des transitions. Les deux cas, celui de l’activité conditionnée par la masse et celui de l’imitation, sont flottants et constituent des cas limites de l’activité sociale, ainsi qu’on le constate par exemple encore très souvent dans l’activité traditionnelle.

La raison de cette indétermination réside dans ce cas, comme dans de nombreux autres, dans le fait qu’il n’est pas toujours possible d’établir de façon univoque ou même d’avoir seulement conscience, plus rarement encore totalement conscience, de l’orientation d’après le comportement d’autrui et du sens de sa propre activité.


C’est pourquoi on ne peut pas faire toujours avec sûreté la distinction entre la simple « influence » et l’ « orientation » significative. Du point de vue conceptuel il faut cependant les séparer, bien qu’il aille de soi que l’imitation qui n’est que « réaction » a pour le moins la même portée sociologique que celle qui produit une « activité sociale » au sens véritable du terme.

La sociologie n’a pas uniquement affaire à l’ « activité sociale » car celle-ci ne constitue (dans une sociologie telle que nous la pratiquons ici) que le problème central, celui qui est pour ainsi dire constitutif de la science qu’est est. En disant cela nous ne prétendons affirmer quoi que ce soit sur l’importance de ce problème relativement à d’autres.
Max Weber, Economie et société.

samedi 31 mars 2012

Max Weber,"Le concept d'activité sociale"



L’activité sociale ( y compris l’omission ou la tolérance,) peut s’orienter d’après le comportement passé, présent ou attendu éventuellement d’autrui(vengeance pour réparer une agression passée, défense contre une agression présente, mesure de défense à prendre contre un agression éventuelle). Par « autrui » il faut entendre ou bien des personnes singulières et connues, ou bien une multitude indéterminée et totalement inconnue ( l’ « argent » par exemple signifie un bien d’échange que l’agent accepte au cours d’un échange parce qu’il oriente son activité d’après l’expectation (Erwartung) que de très nombreuses autres personnes, inconnues et indéterminées, sont prêtes de leur côté à faire un échange éventuel).


N’importe quelle espèce d’activité- y compris d’activité externe n’est pas une activité « sociale » dans le sens du terme auquel nous tenons ici. Une activité externe ne l’est pas si elle s’oriente purement et simplement d’après les expectations du comportement d’objets matériels. Le comportement intérieur n’est une activité sociale qu’à la condition de s’orienter d’après le comportement d’autrui. Un comportement religieux par exemple ne l’est pas s’il n’est que contemplation, prière solitaire, etc. L’activité économique (d’un individu isolé) ne l’est que dans le cas et dans la mesure où elle fait intervenir le comportement de tiers. Elle l’est de façon tout à fait générale et formelle dès qu’elle spécule sur le fait que des tiers respecteront le pouvoir personnel de disposer en fait de biens économiques. Elle l’est sous le rapport matériel quand elle prend par exemple en considération pour la consommation l’éventuel désir de tiers et qu’elle y oriente en partie la forme de sa propre « épargne ». Ou encore quand, dans la production, elle fait du désir éventuel de tiers le fondement de son orientation, etc.


N’importe quel contact entre les hommes n’est pas de nature social, mais seul l’est le comportement propre qui s’oriente significativement d’après le comportement d’autrui. La collision entre deux cyclistes par exemple est un simple évènement au même titre qu’un phénomène de la nature. Serait une « activité sociale » la tentative d’éviter l’autre et les injures, la bagarre ou l’arrangement à l’amiable qui suivraient la collision.

 L’activité sociale n’est identique ni (a) avec une activité uniforme de plusieurs personnes ni (b) avec n’importe quelle activité influencée par le comportement d’autrui.

a) Lorsque dans la rue de nombreux passants ouvrent en même temps leur parapluie, au moment où la pluie se met à tomber, l’activité de l’un n’est pas orientée (normalement) d’après celle des autres, elle s’oriente uniformément d’après la nécessité de se protéger contre l’ondée. O sait que l’activité de l’individu isolé est considérablement influencée par le simple fait qu’il se trouve, en un lieu donnée, noyé au milieu d’une « masse » (c’est là l’objet des recherches dur la « psychologie des foules »,par exemple les travaux de Le Bon) :il s’agit de l’activité conditionnée par la masse.
Max Weber, Économie et société, 1, op. cit. , pp-52-53.

Max Weber:la sociologie est la science qui cherche à comprendre l'activité sociale des agents dans une situation historique


Nous appelons sociologie (au sens où nous entendons ici ce terme utilisé avec beaucoup d’équivoque) une science qui se propose de comprendre par interprétation l’activité sociale et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets. Nous entendons par « activité » un comportement humain (peu importe qu’il s’agisse d’un acte extérieur ou intime, d’une omissions ou d’une tolérance), quand et pour autant que l’agent ou les agents lui communiquent un sens subjectif. Et par activité « sociale », l’activité qui, d’après son sens visé par l’agent ou les agents, se rapporte au comportement d’autrui, par rapport auquel s’oriente son déroulement.

La notion de sens veut dire ici ou bien (a) le sens visé subjectivement en réalité, (a. i) pour un agent dans un cas historique donné, (a. j) en moyenne ou approximativement par des agents dans une masse donnée de cas, ou bien (a. k) ce même sens visé par l’agent ou les agents conçu comme des types. Ce n’est donc pas un sens quelconque objectivement « juste » ni un sens « vrai » élaboré métaphysiquement. C’est en cela que consiste la différence entre les sciences empiriques de l’activité comme la sociologie et l’histoire, et toutes les sciences dogmatiques, telles que la juristique, la logique, l’éthique et l’esthétique qui cherchent à expliquer le sens « juste » et « valable » de leurs objets.

La différence entre une activité significative et un comportement (que j’appellerai ici simplement réactionnel, parce que non associé à un sens visé subjectivement, est absolument flottante. Une part très considérable de l’ensemble des comportements sociologiquement importants, en particulier l’activité purement traditionnelle (voir plus loin), se situe aux limites des deux.

Max WEBER, Economie et société, tome 1, "les catégories de la sociologie", traduit de l’allemand pas Julien Freund, Pierre Kamnitzer, Pierre Bertrand, Eric de Dampierre, Jean Maillard et Jacques Chavy, sous la direction de Jacques Chavy et d’Eric de Dampierre.