mardi 10 octobre 2017

De l’origine et de la nature ou de la composante universelle des choses et des êtres du monde et de leur destin






De l’origine et de la nature ou de la composante universelle des choses et des êtres du monde

 
1.
      Nous constatons sans peine dans les indications des mots « existere », « exister », « am » et « jig », pris respectivement du latin, du français, du wolof et du sérère au Sénégal, et en accord avec les faits dans la réalité qu’ils désignent,  dans les choses et dans les êtres de toutes sortes au sein de la nature et dans la société humaine, que la totalité de l’existence qu’on appelle  monde ou univers est une gigantesque étendue spatiale et temporelle d’un immense mouvement général et d’une multitude de mouvements particuliers d’un nombre fini ou toujours extensible et compressible de mobiles particuliers produits par la nature et par la société et produisant la nature et la société.
2.      Le Dictionnaire Larousse indique pour le latin, le « existere » signifie « sortir de quelque chose, se faire voir, naître de quelque chose, avoir son origine, sa source ou son fondement matériel ou théorique dans quelque chose de plus ancien qui en est la cause ou qui suit et qui est sa conséquence ou sa raison d’être nécessaire et suffisante, subjective ou objective. Le français qui a transformé ce mot indique qu’ « exister, c’est être présent dans quelque chose, apparaître dans quelque chose, se former dans quelque chose, appartenir à quelque chose », etc. Quant au Wolof et au sérère du Sénégal, les mots « am » pour le premier et le mot « jig » pour le deuxième, équivalents des expressions latine et françaises, « »existere » et « exister », c’est « avoir quelque chose, être propriétaire de quelque chose ».
3.      La sortie implique nécessairement un mouvement, de même que l’entrée d’une chose dans une autre.
4.      En accord avec les mots, nous voyons la nature sortir de la nature par la rencontre des ovules et des spermatozoïdes, par le processus de la gestation et de l’accouchement. Nous voyons la sueur sortir du corps. Nous voyons la lumière sortir d’un ciel et du soleil, de la lune, des étoiles, de l’eau et des yeux. Nous voyons le vent sortir du ventre de la nature. Dans la société humaine, nous voyons la culture sortir de la rencontre entre la sensibilité et l’intelligence humaine et les choses et les différents événements de leur monde extérieur et des manifestations de leurs intimités. Nous voyons la dictature, la tyrannie, la monarchie, l’argent, sortir des diverses rencontres entre les hommes. Nous voyons la pauvreté et richesse faire leur apparition dans la société. Nous voyons la guerre et la paix apparaître et mourir parmi les hommes.  
5.       Ce mouvement observable à la surface du monde dans sa dimension physique la plus proche, est aussi présent selon la physique et la biologie, dans l’infiniment petit du monde physique ailleurs, comme il est constable dans la partie psychique et métaphysique du monde, dans l’esprit, dans la raison, dans l’âme, dans la volonté, dans la conscience, dans l’inconscient physique.
6.      L’existence des choses et des êtres matériels et immatériels, réels ou imaginaires, est inséparable de la force, parce qu’ils admis par tous les êtres pensant, qu’il ne peut rien exister sans l’activité d’une force ou d’un ensemble de forces ayant un certain pouvoir d’action et d’influence lui permettant de créer, d’imaginer, d’inventer, de concevoir, d’exécuter, de matérialiser, de concrétiser, de vouloir, de refuser, d’attaquer, de résister, de produire, de se produire, de se reproduire. Pareillement, il est admis que le destin, la finalité, la fonction de toute force est d’agir ou de réagir. Il ne peut pas non plus y avoir de force et d’action si rien n’existe pas.
7.      Le mouvement universel qui s’observe dans la partie  physique et dans la partie métaphysique du monde ou de l’univers nous révèle que la nature et la société humaine sont essentiellement comme les considèrent la physique et Newton, des champs de forces.
8.      Aux origines de l’existence de la nature et de la société humaine, se trouve donc nécessairement une certaine force, un ensemble de forces qui coopèrent et agissent ensemble, qui s’opposent, se contredisent, se neutralisent, qui entrent en compétions et en conflit dans leurs rencontres au sein des étendues spatiales et temporelles qui constituent leurs champs d’apparition.
9.       Exister « en acte » et « en puissance », de fait ou en droit par la raison, c’est donc sortir d’une certaine activité propre à une certaine force, à un ensemble de forces ayant un pouvoir d’action et d’influence leur permettant de produire, de reproduire, de détruire, de transformer, de conserver et que l’avoir, la propriété, la composante matérielle nécessaire et universelle pour concevoir et donner l’existence à toute chose, est la force et le destin de toute force est d’agir ou de réagir ou de permettre d’agir et de réagir, d’attaquer, de se défendre, de résister contre une autre dans son champ d’apparition.
10.  Le monde ou l’univers considéré dans la nature et dans la société, est donc une étendue spatiale et temporelle à la fois matérielle et immatérielle, un champ de mouvements généraux et de mouvements particuliers d’un ensemble d’activités de forces.

11.  C’est ce mouvement et donc les forces et les activités qui le produisent dans la nature et plus spécifiquement dans la société humaine, qui constituent la matière première de ces Réflexions philosophiques sur l’existence.




mardi 3 octobre 2017

Hegel/ Francis Fukuyama:"Les hommes ne recherchent pas simplement le confort matériel, mais le respect ou la reconnaissance"



 Les hommes ne recherchent pas simplement le confort matériel, mais le respect ou la reconnaissance, et ils croient qu’ils méritent ce respect parce qu’ils possèdent une certaine valeur ou une certaine dignité. Une psychologie ou une science politique qui ne prendrait pas en compte le désir de reconnaissance de l’homme et sa volonté intermittente-mais très prononcée- d’agir parfois contre ses instincts naturels les plus forts méconnaîtrait quelque chose de très important à propos du comportement humain.



Pour Hegel, la liberté n’était pas simplement un phénomène psychologique, mais l’essence de ce qui était spécifiquement humain. Dans ce sens, la liberté et la nature sont diamétralement opposées. «  Liberté » ne signifie pas la liberté de vivre dans la nature ou conformément à la nature : au contraire, la liberté ne commence que là où la nature cesse. La liberté humaine n’apparaît que lorsque l’homme est capable de transcender son existence naturelle et animale, et de créer un nouveau moi pour lui-même. Le point de départ emblématique de ce processus d’autocréation est la lutte à mort de pur prestige.



Mais si cette lutte pour la reconnaissance est le premier acte authentiquement humain, il est loin d’être le dernier. La lutte se termine en effet par une relation de maître à esclave qui est loin d’être satisfaisante, à plus d’un titre, pour l’un comme pour l’autre. La bataille sanglante entre les « premiers hommes » de Hegel n’est que le point de départ de la dialectique hégélienne, et nous laisse un très long chemin à parcourir avant d’atteindre la démocratie libérale moderne. 




Le problème de l’histoire humaine peut être vu, en un sens, comme la recherche d’un moyen de satisfaire à la fois les maitres et les esclaves dans leur désir de reconnaissance, sur une base de réciprocité et d’égalité ; l’Histoire se termine alors avec la victoire d’un ordre social qui accomplit cet objectif.



Toutefois, avant de passer aux étapes ultérieures dans l’évolution dialectique, il serait utile d’opposer la conception hégélienne du « premier homme » à l’état de nature les visions des fondateurs du libéralisme moderne, Hobbes et Locke. En effet, si les points de départ et d’arrivée de Hegel sont assez semblables à ceux des penseurs anglais, les conceptions de l’homme sont radicalement différentes et nous offrent des points de vue opposés sur la démocratie libérale moderne.
Francis Fukuyama, La fin de l’histoire et le dernier homme, « Au début, une lutte à mort de pur prestige ».

lundi 2 octobre 2017

Francis Fukuyama: La démocratie américaine n'a pas résolu tous les conflits



Pour expliquer pourquoi les progrès de l’industrialisation doivent produire la démocratie libérale, trois types d’arguments ont été mis en avant : seule la démocratie serait capable de traiter l’ensemble complexe d’intérêts conflictuels qui sont engendré par une économie moderne. Cette idée a été fortement soutenue par Talcott Parsons, qui estimait que la démocratie était  un « processus évolutif universel » pour toutes les sociétés :

   

« L’argument fondamental qui nous fait considérer l’association démocratique comme un fait universel, malgré ces problèmes, est le suivant :plus une société devient vaste et complexe, plus une organisation politique efficace est importante, non seulement pour sa capacité administrative, mais aussi- et non moins- pour son soutien à un ordre légal universaliste(…) Aucune forme institutionnelle fondamentale différente de l’association démocratique ne peut(…) ménager le consensus dans (l’exercice du pouvoir et de l’autorité) grâce à des personnages et des groupes particuliers, et pour la prise de décision politique particulièrement contraignantes. »….



 Le succès relatif de la démocratie américaine à résoudre les conflits entre les différents intérêts de groupe à l’intérieur d’une population à la fois hétérogène et dynamique n’implique pas que la démocratie soit par définition capable de trancher les conflits qui se font jour dans d’autres sociétés. L’expérience américaine est tout à fait unique dans la mesure où les « Américains » pour reprendre les propos de Tocqueville sont « nés égaux ». Malgré la diversité des provenances et des terres où ils avaient leurs ancêtres, ils ont abandonné ces identités en arrivant en Amériques et se sont fondus dans une nouvelle société sans classes sociales strictement définies, ni divisions ethniques de l’Amérique a été suffisamment fluide pour prévenir jusqu’à présent l’apparition de classes sociales rigides, de nationalismes secondaires importants ou de minorités linguistiques. La démocratie américaine a rarement eu à affronter certains des conflits sociaux les plus difficiles à traiter, comme d’autres sociétés plus anciennes.
En outre, cette démocratie américaine n’a pas été non plus particulièrement heureuse pour traiter son problème ethnique majeur, celui des Noirs. L’esclavage noir a longtemps constitué la principale exception au principe général selon lequel les Américains étaient « nés égaux » et la démocratie américaines n’a pas été réellement capable de résoudre le problème de l’esclavage par des moyens démocratiques. Longtemps après l’abolition de l’esclavage, c’est-à-dire longtemps après l’obtention de la pleine égalité légale par les Noirs américains, bon nombre d’entre eux restent profondément étrangers aux courants principaux de la culture américaine. Étant donné la nature fondamentalement culturelle du problème, aussi bien au côté noir que du côté blanc, il n’est pas évident que la démocratie américaine soit réellement capable de faire ce qui serait nécessaire pour assimiler totalement les Noirs e( pour passer d’une égalité formelle des chances à une égalité plus générale et plus réelle des conditions.
Francis Fukuyama, La fin de l’histoire et le dernier homme, « Au pays de l’éducation ».