jeudi 9 juin 2016

Sujet N° 2 philosophie Bac Sénégal 2015-2016: Peut-on dire de l'art qu'il dépasse la raison?


 

 

                 SUJET N°2 : Peut-on dire de l’art qu’il dépasse la raison ?

 

 

                                        INTRODUCTION

 
Je suppose qu'il est arrivé au moins une fois, aux femmes et aux hommes qui ont atteint un certain âge, de se dire intérieurement ou publiquement et à haute voix, ceci me « dépasse » ou alors ils ont été des témoins de cette déclaration. Indépendamment de la nature des évènements et de leurs autres caractéristiques, cette déclaration est un aveu, une confession, une prise de conscience de l’apparition d’une limite physique ou métaphysique, d’une limite matérielle qui s’oppose comme une ceinture de policiers délimitant un horizon indépassable, quelque chose comme le pouvoir qui ramène Sisyphe vers le bas de la montagne avec son rocher,  une limite qui s’oppose à l’explication scientifique et relativement objective  ou à la compréhension subjective de la raison humaine. A l’église,  en pleine messe, quelque présence humaine pleurer avec des larmes extérieurement visibles ou intérieurement quand la chorale l’atteint dans ce que son humanité a de spécifique et provenant  de la nature ou de son éducation parmi les hommes ; pareillement chez certains quand ils récitent ou entendent réciter des versets du Coran ou des Khassaïd ou des choses de cette nature ; de même qu’on voit ces états existentiels dans les concerts de rock les plus fous. Comment un mot peut-il faire pleurer ? Comment le timbre de la voix peut-il charger le mot avec une puissance différente qu’auraient les mots dans d’autres contenants ? C’est le pouvoir de l’art qui chante, qui danse, qui écrit, qui sent, qui dessine, qui sculpte, qui imite, qui invente, qui s’accorde avec la nature et la réalité historique ou qui les défigure,  qui produit ce dans quoi la raison humaine ne voit pas toujours ce qui agit et fait agir et ce sur quoi ce pouvoir agit dans l’intimité de l’homme et qui fait non seulement partie de l’humain, mais qui semble être son fond le plus ancien, le plus véridique, le plus divin. N’avons-nous pas là des faits empiriques pour dire que l’art n’est pas toujours saisissable, mesurable ou compréhensible dans ses divers aspects par les divers pouvoirs de la raison humaine dans la philosophie et dans les sciences, parce ayant pour source et pour horizon quelque chose qui marque une rupture radicale entre l’homme et l’animal ? En conséquence, peut-il  y avoir une science qui distinguerait ce qui est beau de ce qui est  laid et qui qui s’appellerait esthétique ?




Mais cette spécificité de l’art, cette obscurité de l’art qui résiste à l’examen de la raison, suffit-elle pour dire que l’art dépasse la raison  si par le même verbe « dépasser » nous pouvons comprendre aller plus loin dans la même étendue spatiale et temporelle ?Peut-on dire que le regard de l’art et les rapports de l’art sur la réalité sont plus profonds et plus authentiques, plus clairs, plus universels que les rapports de la raison dans la même réalité par la philosophie ou par la science ?  D’autre part,  peut-il y avoir un art de penser, de faire, de dessiner, de parler, de vivre, de construire, de se conduire dans les affaires quotidiennes et dans les affaires spéciales touchant la vie individuelle ou la vie sociale sans la présence d’aucune raison. Le beau n’est-il pas un certain ordre, une certaine harmonie, un ensemble de rapports et de proportions dans une totalité sensible ou métaphysique ou comme disent d’autres, le beau n’est-il pas aussi le bien et peut-il y avoir du bien ou de l’ordre sans une raison qui la dessine consciemment ou inconscient ? L’art peut-il alors sortir du champ de la raison pour s’inscrire exclusivement  dans celui des  sens, des émotions  personnelles  insaisissables par les porteurs et par les observateurs extérieurs ?

 

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