jeudi 4 novembre 2010

Saint Thoma d'Aquin et Edmund Husserl/ raison naturelle et raison surnaturelle:croire et savoir.

Ni Thomas ni Husserl n’ont jamais douté de la puissance de la ration.On a célébré comme le haut de Husserl d’avoir repéré le scepticisme sous ses formes modernes et de l’avoir vigoureusement combattu. Mais « ratio » n’a jamais signifié pour lui autre chose que la raison naturelle, tandis que Thomas distingue ici entre raison naturelle et raison surnaturelle…La phénoménologie procède comme si, en principe, notre raison était illimitée. Elle admet que la tâche de l raison est infinie, que la science est un processus interminable ; mais la raison ne s’en oriente pas moins en droite ligne vers son but, id est la pleine vérité, qui en tant qu’idée régulatrice prescrit la direction à suivre. Du point de vue de cette philosophie, aucune autre voie n’entre en ligne de compte. Thomas est aussi d’avis que tel est le chemin de la raison naturelle :il est infini ;mais cela signifie qu’il n’aboutit jamais, qu’on ne peut jamais que s’approcher pas à pas du but. Ainsi s’explique le caractère fragmentaire de  toute la philosophie humaine. Et maintenant perce son grand « mais » : jamais il n’admettrait que telle est la seule voie de connaissance, que la vérité n’est rien de plus qu’une idée qu’il s’agirait de réaliser dans un processus infini-donc jamais pleinement. La pleine vérité est ;il y a une connaissance qui l’embrasse totalement, qui n’est pas un processus infini, mais plénitude achevé. C’est la connaissance divine…Elle peut communiquer aux autres esprits quelque chose de sa plénitude, et elle leur communique effectivement, à chacun selon sa capacité. Cette communication peut s’opérer de diverses manières. La connaissance naturelle n’est qu’une des voies. Elle a des limites déterminées et précises et précisables. Mais tout ce qui est inaccessible à notre esprit ne l’est pas originairement, à raison de structure. Nous pérégrinons dans le temps, sur terre. Mais un jour nous serons au but, dans la patrie céleste. Parvenu à ce but, l’esprit embrasse tout ce qui lui est accessible (non pas tous les abîmes de la Sagesse divine, que seul Dieu comprend), et il voit tout cela en une unique intuition. En partie, ce dont il a maintenant la vision, il en a eu la révélation au cours de sa vie terrestre-pour autant que cela lui était nécessaire pour ne pas s’égarer ;il l’a reçu dans la foi ,qui est, durant le pèlerinage terrestre, un second chemin, à côté de la connaissance naturelle, pour atteindre au Savoir…La mesure possible de notre savoir est durant notre pèlerinage sur terre est fixée ;nous ne pouvons pas en reculer les limites. De même est établi ce qui relève de la raison et ce qui relève de la foi. En principe, relève de la foi ce qui est soustrait à notre connaissance terrestre. Mais bien des choses nous sont révélées alors qu’elles sont accessibles par voie de connaissance, mais accessibles seulement pour un petit nombre et à un faible degré de certitude.
Ce genre de considérations sont tout à fait étrangères à la philosophie moderne.
Edith Stein, Phénoménologie et philosophie chrétienne, « raison naturelle et raison surnaturelle ; croire et savoir », P.34.

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