samedi 12 juin 2010

Alan F. Chalmers/L'inductivisme:un point de vue communément admis qui fait de la science un savoir issu des faits de l'expérience

Le savoir scientifique est un savoir qui a fait ses preuves. Les théories scientifiques sont tirées de façon rigoureuse des faits livrés par l’observation et l’expérience. Il n’y a pas de place dans la science pour les opinions personnelles, goûts et spéculations de l’imagination. La science est objective. On peut se fier au savoir scientifique parce que c’est un savoir objectivement prouvé.

Ce type d’énoncé résume, je pense, le point de vue commun sur ce que l’on considère aujourd’hui comme la science. Cette conception remonte à la Révolution scientifique du XVIIe siècle, œuvre des grands pionniers que furent Galilée et Newton.

Le philosophe Francis Bacon et ses contemporains on dépeint avec justesse l’attitude de leur temps face à la science lorsqu’ils écrivaient que, pour comprendre la Nature, il faut consulter la nature elle-même et non les écrits d’Aristote.

Les progressistes du XVIIe siècle considéraient que les philosophes de la nature du Moyen Age se trompaient en faisant des écrits de l’antiquité, ceux d’Aristote surtout, mais aussi de la Bible, les sources de leur savoir scientifique. Aiguillonnés par les par les succès des « grands expérimentateurs »comme Galilée, ils en vinrent de plus en plus à voir en l’expérience la source de la connaissance. C’est seulement après les réussites spectaculaires de la science expérimentale que ce point de vue fut affiné.
La science est une construction bâtie sur des faits », écrit J.J.Davies dans son livre On the Scientific Method.Et H.D. Anthony qualifie ainsi l’œuvre de Galilée : « Ce ne furent pas les observations et les expériences faites par Galilée qui provoquèrent la rupture avec la tradition que l’attitude qu’il adopta à leur égard. Car les faits qui s’y fondaient étaient traités en tant que tels, sans qu’il fût besoin de les rattacher à quelque idée préconçue…Certes les faits d’observation peuvent ou non s’imprégner à un schéma reconnu de l’univers, mais l’essentiel, pour Galilée, était d’accepter les faits et de construire la théorie en accord avec eux. »

On peut considérer le point de vue inductiviste naïf sur la science, que je vais décrire dans les sections suivantes, comme une tentative de formaliser cette image couramment admise de la science. Je l’appelle inductivisme parce qu’il se base sur un raisonnement inductif.
Alan Francis Chalmers,Qu'est-ce que la science?

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