lundi 4 septembre 2017

De la Nature, du petit vautour et du grand vautour autour du repas collectif


1 DE LA NATURE



2.           J’étais en vacances scolaires, il y a de cela maintenant beaucoup d’années qui se comptent tristement sur le visage de la nature en ces lieux aujourd’hui profondément défiguré, et pleurant le deuil de ces dernières grandes espèces vitales en même temps que les hommes qui sont pourtant leurs bourreaux, au campements des bergers dans l’immense pâturage de Kassoumaye, pour rendre visite à un ami de mon grand-père. Un matin, au réveil, nous avons constaté qu’une vache, qui pourtant se portait ou semblait se porter comme d’habitude, en bonne santé, s’était retirée de l’enclos pour mourir à la limite du regard clair durant la nuit qui était très obscure, sans lune ni étoile dans le ciel, avec un petit foyer au milieu de l’enclos dont les flammes s’éteignaient et que nous ne cherchions pas toujours à rallumer, pour économiser le bois. L’obscurité ne changeait en rien notre état. Peut-être que l’ami de mon grand-père très proche du troupeau, avait senti quelque chose sans rien voir de ses yeux comme les miens, mais moi je n’avais rien senti. Je n’étais plus alors un enfant parce qu’un enfant ne pose pas de question. Or ce matin-là, comme leur arrivée était synchronisée avec notre réveil, j’ai vu un vautour achever son vol en posant sur la branche la plus haute de l’arbre à quelque pas duquel était couchée la vache qu’on pouvait savoir morte à distance par sa position et son repos. Je me suis demandé alors, « Comment sont-ils avertis bien avant les hommes ? » Je n’adressais pas en réalité la question à mon ami et premier ami et maître Jigjam, même si j’avais parlé à haute voix. Il a répondu « C’est ainsi que Dieu a fait la nature. Rien ne peut se perdre sur le chemin de ce qui est proprement à lui depuis le premier partage du premier capital universel du monde. A chaque chose son capital dans la nature, comme dans la société. Ne cherche jamais à prendre ce qui n’es pas à toi dans la nature ni parmi les hommes. »





3.           On peut toujours revoir en imagination ou dans les champs concrets de l’histoire ou du devenir universel dans la nature, la scène de ce triste matin dans les pâturages du Kassoumaye. 




4.           Dans la nature, on peut voir un vautour plus fort éloigner à coups de bec un vautour plus faible autour d’un cadavre qui est pour eux, un bien public gratuitement offert à tous les vautours dans la progéniture de la nature. Aucun de ces vautour n’est venu de sa propre volonté à la réception du message annonçant la mort de la victime et aucun vautour n’a informé un autre, à moins qu’on ne suppose que dans l’essaim, il y a un récepteur unique du message et qui déclenche par son envol, l’envol de tous les autres, et qui serait ainsi leur leader. Aucun homme ayant un esprit de justice, je crois, ne songerait à éloigner ces êtres ainsi venus de quelque part de la nature, de cet « objet signifiant » qui est pour eux, un chose commune, un bien public, un tronc commun par lequel il forme un même être, un même sujet prenant des présences matérielles multiples et séparées dans le même monde. Parce que c’est la nature qui les créés de la même source qu’elle a créé la victime et qui a établi entre eux, un lien de parenté qu’ils ne peuvent couper ou transformer ou minimiser, rendre insignifiant. Même s’il s’agit d’une vie d’un troupeau de vache et que la scène se passe devant le propriétaire de la bête morte, il n’en aurait pas reçu l’indication de la nature, parce que la vie du bétail qui meurt sans l’arme du berger n’est plus la vie sous la direction du berger. Elle retourne ainsi à ses premiers propriétaires dans la nature, parmi lesquels le vautour, mais pas le lion. 




Un père de famille pourrait-il se comporter ainsi à l’égard de son ami ou d’un hôte autour du même plat dont il est le financier ou le producteur associé ou exclusif des éléments qui ont permis la préparation du repas ? Le berger qui est le propriétaire de l’animal mort autour duquel se nourrissent et se battent les vautour, ayant bien le pouvoir de séparer les vautour de ce que la nature leur a attribué dans son capital universel de biens, de les éloigner de ce qui leur est nécessaire, et qui ne l’aurait pas fait, peut alors bien se demander si le vautour le plus qui a éloigné provisoirement ou définitivement le vautour plus faible, tient son action de l’autorité de la Nature qui lui a donné sa force extensible et compressible. En termes plus simples et clairs, il se demanderait : l’action de la force du vautour le plus fort qui éloigne l’autre vautour du groupe plus faible que lui provisoirement ou définitivement, est-elle légitime dans le système de droit de la nature, s’agit-il d’une action droit ou conforme avec l’activité et l’ordre général de la nature, s’agit-il d’une action juste ?

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