Le pessimisme extrême de notre propre
siècle est dû au moins partiellement à la cruauté avec laquelle ces attentes
ont été déçues.
La Première Guerre
mondiale a remis en cause de manière fondamentale la confiance en soi de la vieille Europe.
Elle a jeté à bas l’ancien ordre
politique représenté par les monarchies
autrichienne, allemande et russe, mais son impact le plus profond
fut essentiellement d’ordre psychologique.
Quatre années d’une boucherie atroce dans les guerres de tranchées, au cours de
laquelle des dizaines de milliers d’hommes mouraient en un seul jour pour
quelques mètres carrés de terrain
dévasté, constituèrent, selon les mots de Paul
Fussell, « une épouvantable contradiction
au mythe « mélioriste » qui avait dominé la conscience publique
pendant un siècle », inversant complètement l’ « idée de progrès ».
Les vertus de loyauté, de travail acharné, de persévérance et de patriotisme furent mobilisées au service du massacre systématique
et inutile d’autres hommes, discréditant du même coup le mode bourgeois qui avait créé ces valeurs…
L’idée que le progrès industriel de l’Europe pouvait être détourné pour une guerre sans rédemption ni signification morale entraîna d’amères dénonciations de toutes les tentatives pour trouver de plus grands modèles ou leçons d’Histoire.
Le célèbre historien anglais H.A.L Fisher put ainsi écrire en 1934 : « Des hommes plus sages et plus cultivés que moi ont discerné dans l’histoire un tracé, un rythme, un schéma prédéterminé. Ces harmonies restent cachées à mes yeux : je ne puis voir qu’une urgence faisant suite à une autre, comme la vague suit la vague. »
L’idée que le progrès industriel de l’Europe pouvait être détourné pour une guerre sans rédemption ni signification morale entraîna d’amères dénonciations de toutes les tentatives pour trouver de plus grands modèles ou leçons d’Histoire.
Le célèbre historien anglais H.A.L Fisher put ainsi écrire en 1934 : « Des hommes plus sages et plus cultivés que moi ont discerné dans l’histoire un tracé, un rythme, un schéma prédéterminé. Ces harmonies restent cachées à mes yeux : je ne puis voir qu’une urgence faisant suite à une autre, comme la vague suit la vague. »
Francis Fukuyama, La
fin dans l’histoire et le dernier homme, Première partie, « Notre
pessimisme », Page 29.
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