dimanche 10 septembre 2017

Robert Mackenzie : L’histoire est une transmission de trésors entre générations pour le bien-être universel





                                                PREMIÈRE PARTIE

                  NOUVELLES QUESTIONS POUR UN VIEUX PROBLÈMES 




Le pessimisme du XXe siècle contraste fortement avec l’optimisme des siècles précédents. Bien que l’Europe eût commencé le XXe siècle dans les convulsions de la Révolution et de la guerre généralisée, ce fut en gros un siècle de paix et d’accroissement sans précédent du bien-être général. L’optimisme avait alors deux raisons fondamentales. La première était la croyance que la science moderne améliorerait la vie humaine en effaçant la maladie et la pauvreté. La nature, vieil adversaire de l’homme, devait être maîtrisée par la technique moderne et contrainte de servir aux fins du bonheur de celui-ci. La seconde était que de libres gouvernements démocratiques allaient continuer de se répandre dans des pays toujours plus nombreux.
L’ « esprit de 1776 » et celui de la Révolution française vaincraient les tyrans, les autocrates et les prêtres superstitieux du monde entier, et l’obéissance aveugle à l’autorité serait remplacée par une autonomie rationnelle dans laquelle tous les hommes, « libres et égaux en droit », obéiraient non plus à des maîtres mais à eux-mêmes. A la lumière de ce vaste mouvement vers la civilisation, même des guerres sanglantes comme celles de Napoléon pouvaient être interprétées par des philosophes comme débouchant sur des progrès sociaux, puisqu’elles favorisent la diffusion du gouvernement républicain. Un grand nombre de théories, certaines sérieuses et d’autres moins, furent mise en avant pour expliquer comment l’histoire humaine constituait un tout cohérent, dont les vicissitudes pouvaient être comprises comme conduisant bon-an-mal-an au progrès de l’ère moderne. En 1880, un certain Robert Mackenzie était ainsi en mesure d’écrire :




L’histoire humaine est l’enregistrement d’un progrès, l’enregistrement des connaissances qui s’accumulent et de la sagesse qui s’accroît, d’un continuel avancement depuis un degré inférieur jusqu’au degré supérieur d’intelligence et de bien-être. Chaque génération transmet à la suivante les trésors dont elle a elle-même hérité, modifiés et enrichis de sa propre expérience, agrandis par les fruits de toutes les victoires qu’elle a remportées elle-même. La croissance du bien- être de l’homme, sauvé des malversations et des caprices des princes, est confiée à présent à la tutelle bénéfique de grandes lois providentielles.
Francis FUKUYAMA, La fin de l’histoire et le dernier homme.

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