Ce n’est pas parce que Socrate était le seul diseur de vérité dans sa
cité et tous les autres des menteurs ou des ignorants.
Ce n’est pas parce que
Socrate savait et les autres ne savaient pas ou que Socrate voulait savoir
alors que les autres préféraient demeurer dans l’ignorance.
Ce n’est pas parce
que les vérités ou les démonstrations de Socrate étaient plus résistant la
logique de constructions des autres théoriques par d’autres esprits aussi pensants
que lui.
Ce n’est parce que Socrate a été le plus sage parmi ses semblables et
concitoyens par l’autorité suprême et par donc par jalousie.
Ce n’est pas parce
que ce que pensait Socrate était plus objectif, plus profond, plus structuré,
plus universel.
Non, c’est parce qu’il créait les conditions nécessaires pour
la formation du conflit au sein de la vie sociale, au sein des intimités et
entre les hommes, entre les hommes et les diverses institutions sociales dont l’institution
des savoirs en premier lieu, sources fondatrice par expérience ou a priori et
donc menaçait ainsi la conservation de chaque homme d’abord miné de l’intérieur
dans sa propre intimité par un genre de conflit nouveau leur faisant apparaître
leurs propres contradictions, leur pluralité dans l’unicité de l’identité
personnelle ou collective, sociale ou nationale qu’ils revendiquent en se
déchirant intérieurement.
Pourquoi l’homme n’aime pas se contredire et se sent
toujours coupable quand il se contredit ou au moins faible, séparé de quelque
chose de nécessaire ?
Parce que répond Spinoza, dans ses corps, dans son
âme, dans son esprit, dans ses pensées et dans son action, chaque homme veut
être Un, intégral, avoir une identité permanente, impérissable et que tout
contradiction, tout conflit révèle un vide. Voilà pourquoi en partie, le
conflit peut être considéré comme destructeur, comme un facteur limitant.
Et
voilà pourquoi conflit et philosophie sont inséparables. Le conflit interne avec soi-même est la négation historique de l'unité de l'homme en tant qu'individu, de l'unité, de l'intégration, de l'adéquation entre l'ordre individuel et l'ordre extérieur de la nature ou de la société à tout moment, n'importe où, n'importe quand, dans n'importe quelles conditions dans son devenir.
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