samedi 24 juin 2017

Senghor n’est pas Héraclite : « La guerre est le père de toutes choses »



2.Le problème est que jamais deux choses semblables n’ont jamais formé quelque chose de signifiant, de nouveau et de même nature dans le devenir, ni dans la nature ni parmi les hommes. Deux femmes ou deux hommes peuvent se donner réciproquement un plaisir sexuel, mais deux femmes ou deux hommes ne peuvent pas donner naissance à un troisième. Deux couleurs semblables ne produisent ni une autre couleur, ni la même couleur plus épaisse ou moins épaisse. Deux sources lumineuses semblables qui se croisent ne peuvent pas produire une troisième ou une deuxième qui leur serait différente ou plus puissante. On n’augmente pas la lumière ou la puissance d’une ampoule en plaçant 10 ampoules dans un espace ou en y plaçant une seule. Chaque ampoule éclaire ce qu’elle éclaire ; même si leurs lumières semblent se fondre en une seule sur la surface éclairée, sinon, si on éteignait une lampe, on constaterait une nouvelle répartition de la luminosité et de la transparence sur la surface totale éclairée de façon uniforme. Deux événements qui se suivent et qui se produisent en des lieux et en des temps différents sont un seul et même événement qui part et qui revient sans rien perturber ni se perturber. Un humain qui arrive parmi les humains et qui vit parmi eux et meurt comme tout le monde, n’attire aucune curiosité, ne suscite aucune crainte, aucune admiration particulière, aucun mépris, aucune suspicion ; il est dit normal, identité sociale, nationale, étatique, nationale produit par le système humain ou naturel. Par contre le vrai fou ne passe jamais inaperçu, ni aux yeux des enfants, ni aux yeux des adultes. Il lui arrive de réussir ce que les autres ne réussissent pas : faire naître un certain sentiment que les humains dits normaux du système ne peuvent plus réveiller dans leurs interactions. Faire rire, appeler à s’interroger sur son propre sort, sur sa famille proche et sur son rapport avec la cité, réveiller la faculté de la pitié, donner le sentiment qu’on est plus proche de lui qu’on ne croit être éloigné de lui. Se demander pourquoi les fous ne sont pas les plus nombreux dans la société et dans la famille ? Parce que le changement véritable est aussi rare. Aucun innocent n’est fou ou malade. Tout coupable est malade. Et l’homme tombe rarement fou à cause d’une relation entre un autre homme, même si un homme est le point de départ, il est toujours dans une assemblée humaine déterminant le normal et l’anormal. Supprimer la lutte des contraires reviendrait à éteindre le devenir ou à l’étrangler selon Héraclite : « La guerre est le père de toutes choses » dans la nature et parmi les hommes. Mais quelle guerre fait les ruptures significatives qui marquent les périodes de l’histoire ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire