samedi 1 mai 2010

L'Afrique doit accepter et savoir mourir pour renaître

L’indépendance d’un Etat n’est pas la liberté de son peuple ou celle de ses gouvernants
Au cours de l’invitation lancée par Anne-laure dans cet atelier pour témoigner de ce que nous avons vécu ou de ce que nous souhaitons ou de ce que nous croyons être vrai ou faux, probable ou improbable concernant l’existence de l’Afrique et plus précisément de l’existence des Etats qui constituent ce continent, malgré cinquante années d’indépendances obtenues de diverses manières, beaucoup estiment que les Etats africains ne sont pas indépendants, ne sont pas libres, ne « s’appartiennent pas »-pour reprendre l’expression de Jack-l'existentialiste s’exprimant sur le sujet chez les Observteurs de France24 commentant un billet sur la problématique des indépendances africaines et plus précisément sur la célébration de l’indépendance du Togo. Je reprends l’expression car au Sénégal aussi pour dire indépendant ou libre on utilise dans plusieurs langues courantes l’expression « s’approprier sa tête ou son moi ».
A un frère africain togolais qui soulignait que « la plupart des togolais ne sont pas d’humeur à célébrer le jour de l’indépendance »de leur pays, je faisais remarquer que tous les sénégalais n'ont pas participé aux manifestations du 03 ou du 04 avril inscrites dans le cadre du cinquantenaire...qu’il en sera de même au Togo, et ailleurs.
Mais cela ne signifierait pas que tous les togolais ne sont pas d'humeur à célébrer leur indépendance. Il y a des vérités qui sont transparentes à tous et dont celle que voici : tous les Etats et tous les peuples et leurs hommes et leurs femmes sont d'humeur à célébrer leur indépendance et leur liberté par diverses manières, puisque la raison humaine et les tendances naturelles de la vie ne peuvent pas voir et ne peuvent pas désirer pour un individu ou pour un Etat ou pour un peuple, une situation ou une condition qui soit préférable à celle de l'indépendance et de la liberté.
Toutes les cultures humaines qui ont inventé un concept pour désigner Dieu sont des cultures qui reconnaissent la liberté et l’indépendance comme des constituants de l’Etre supérieur qu’ils adorent. Préférer l’esclavage à la liberté est contre la nature de la vie et contre la condition humaine dans le monde. Vivre c’est s’affirmer et affirmer et pour cela il faut bien une liberté et une indépendance. Sinon la vie n’est qu’une cave de besoins, de valeurs, de besoins et de mouvements en tous sens dont on ignore la provenance et les raisons d’être.
Cependant tous les hommes et tous les Etats ne sont pas toujours de bonne humeur pour célébrer leur indépendance sous n'importe quel gouvernement. S'il est vrai qu'il existe des gouvernements d'Etats qui ne sont que les "pions" d'autres gouvernements et d' « Etats »,comme le soutiennent certains, alors ne pas s'abstenir de célébrer l'indépendance avec ces gouvernements est la pire des contributions à l'œuvre de la domination coloniale, de la négation de l’indépendance et de la liberté, à une agression organisée contre les droits fondamentaux de tout homme :la liberté est l’unique bien qui reste à un homme ou à un peuple quand il a tout perdu ou croire avoir tout perdu par les forces de la nature ou par celle d’un autre homme ou peuple.
C’est la liberté qui reste intact en lui quand il a les mains, les pieds et le ventre lié et jeté dans un navire et dans un océan avec ou sans conducteur. Car cette situation au lieu d’être une négation de la liberté, est bien une condition nécessaire pour l’expression de la liberté. La liberté n’a de sens que dans un environnement, dans une situation où il y a des obstacles et la liberté est d’autant plus réelle ou réalisable que les obstacles paraissent être invincibles. Si ce n’était pas Sartre la France ne serait pas libre et ne serait pas devenue ce qu’elle est en train de devenir dans l’histoire. Les africains peuvent oublier ou ignorer que la France aussi a connu une période de l’histoire durant laquelle elle ne s’appartenait plus ou a failli ne plus s’appartenir,mais la France et les français patriotes ne n'oublieront pas et surtout les français nationalistes.
Mais Sartre refusa et avec lui beaucoup d’autres, qu’un homme puisse ne pas s’appartenir comme Rousseau refusa qu’un homme ou un peuple puisse appartenir à quelque autre vie qui ne soit pas la sienne. La liberté est impérissable en l’homme, elle continue à vivre chez les malades et chez les pauvres et donc chez les colonisés. Qui pourrait nier que la liberté qui restait à Senghor, à Césaire, à Damas, à Martin Luther King et à d’autres et à d'autres quand tout leur fut arraché,leur première arme de bataille dans leur situation ?
L’Afrique ne « s’appartient plus »écrit Jack.Cette affirmation peut être validée mais il y a des conditions pour ne pas la prendre comme telle. Tout dépend de ce dont on cherche la propriétaire légitime et le détenteur usurpateur. D’autres écrivent que l’Afrique ou plus précisément les Etats africains sont « semi-indépendants ».Je voudrais être plus modéré et plus réaliste que Jean Grave ou Max Stirner au sujet de l’indépendance ou de la liberté qui est sa condition et non sa conséquence, mais il me semble que l’expression « demi »ou « semi-indépendant » n’a pas de sens :une indépendance comme la liberté qui est sa mère et sa gouvernante « est ou n’est pas »,qu’elle soit intégrale ou qu’elle tienne compte des contraintes inhérentes à un monde naturel et social conçus comme un immense réseau et système de relations et d’influences de toutes sortes.
Les arabes et les romains bien avant l’Europe écrit l’existentialiste se sont approprié ou ont tenté de s’approprier l’Afrique et se sont effectivement approprié de l’Afrique ou de certaines de ses parties constitutives nécessaires ou accidentelles. Mais ces puissances ont-elles anéanti totalement le droit et le pouvoir de se reprendre ou de Je crois qu'il importe de faire une distinction entre l'Etat en soi et le peuple et le gouvernement.
Nos Etats sont indépendants car rien dans leur constitution n'indique le contraire, au contraire dans leurs multiples constitutions ils affirment tous cette indépendance avec force et fierté. Mais un Etat constitutionnellement libre n'implique pas nécessairement un peuple autant libre.
Au-dessus des Etats libres nous pouvons aussi retrouver des hommes et des femmes qui ne sont pas libres et que par abus nous appelons gouvernants et auxquels refusent de se soumettre ceux qui savent ce qu'est un Etat, une république, une liberté, une indépendance.
Les Etats africains sont totalement indépendants et libres en droit mais les peuples qui sont censés les conduire de même que les hommes et les femmes qui sont censés être à leur direction générale, ne sont pas nécessairement indépendants ou libres.
Mais pourquoi ces femmes et ces hommes et ces peuples ne sont pas nécessairement libres et qu'est-ce qui prouverait d'abord qu'ils ne le sont pas? Comment sortir de cette situation s'il est possible d'en sortir?
Il est possible de sortir de cette situation et il est impératif de sortir de cette situation sinon toute idée d'une renaissance africaine ne serait qu'une vaine et triste vanité. Il est possible de sortir de cette situation, de transformer notre condition d'existence pour ceux qui savent entendre et donner raison à Sartre dans l'histoire: Si l'Afrique et les africains n'ont jamais été aussi libres et indépendants que sous les forces de la colonisation comment douter de leur situation sous les indépendances?

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