samedi 4 juin 2011

Utopie/Thiakhane Fakher/L'essentiel selon Jean-Paul Sincert


Maintenant, Thiakhane Fakher peut répondre à cette question posée à Guirore, la capitale de Pagaal, il y a de cela treize ans exactement aujourd’hui, par Mademoiselle Alternance, au Lycée des Sciences et des Arts de la vie à Guirore.

Cela a-t-il encore un sens ? Peut-être que oui peut-être aussi non. De lui en partie et des autres. Peut-être que cette question est aujourd’hui dépassée. Peut-être aussi qu’elle est encore actuelle. Comme cela dépend de lui en partie, il s’est décidé à donner sa réponse. Thiakhane Fakher ne sait pas si mademoiselle Alternance est encore au Lycée des Sciences et des Arts de la vie à Guirore ou si elle est ailleurs dans le métier ou en d’autres lieux de travail. Peut-être même qu’elle ne vit plus. Il est permis de tout imaginer quand on  ne sait rien de certain. Ce qui est rare et ce qui est utile, c’est une imagination qui permet de voir la réalité ou une autre face de la réalité.

Ce qui est sûr, c’est que Thiakhane Fakher ne retournera pas au Lycée de la Vie à Guirore. Du moins, pas pour poursuivre ses études officielles interrompues depuis treize ans. Il voudrait pourtant y retourner pour voir si mademoiselle Alternance est toujours en service au grand Lycée de  Guirore. Il se pourrait qu’il se rende à Guirore pour remettre sa copie à mademoiselle Alternance, mais tout cela reste encore dans le possible et dans le souhaité. Peut-être que demain encore il se dira que cela ne vaut pas la peine. Depuis longtemps,il lui est impossible de s'attacher à quelque chose d'autre.Depuis le troisième jour des vacances de noël de cette année,Thiakhane Fakher ne poursuit qu'un seul bien.Un bien qui mille fois a disparu de son chemin avant de réapparaître au seuil du tombeau du désespoir.Depuis treize ans la question de mademoiselle Alternance et cette expérience de monsieur Démasquez sont les locataires de sa conscience et de son corps.

A quoi pourrait encore servir cette dissertation si elle n’a plus pour but de justifier un passage en classe supérieure ou de s’y opposer ? Treize ans d’absence c’est fini pour le lycée. Mais Thiakhane Fakher sait depuis longtemps que tout n'est pas au Lycée de Guirore. Les classes et les maîtres du monde sont partout ouverts, pour ceux qui considèrent qu'il est toujours utile de chercher à savoir quelque chose, et qui savent que, si quelque part ils peuvent être exclus, non pas tant d'une sélection coupable de la nature, mais probablement par un génie vicieux dans l'organisation de la vie humaine,personne ni rien ne saurait les exclure du champ des savoirs où viennent chercher leur satiété les vies qui ne peuvent pas renoncer au devoir et au droit de chercher à savoir.


 Il y a de cela treize ans exactement aujourd’hui, une certaine mademoiselle Alternance qui enseignait les Sciences et les Arts de la Vie au Lycée de Guirore dans la capitale de Pagaal, proposait un sujet de réflexion à ses élèves. C’était à la suite d’une invitation qu’elle avait faite à un autre professeur du lycée, un certain monsieur Démasquez qui enseignait lui aussi les sciences et les arts de la vie et qui faisait partie d’une équipe pluridisciplinaire de chercheurs dont mademoiselle Alternance elle-même.

Lorsque Mademoiselle Alternance a dit qu’elle inviterait un de ses collègues scientifiques du lycée avant d’entamer le grand chapitre concernant l’espace de la vie sociale, beaucoup d’entre les élèves avaient pensé que cette invitation aurait été plus pertinente avant ou durant l’investigation ou à la fin du domaine consacré à la réflexion sur la connaissance en général et plus spécifiquement aux divers problèmes que soulèvent l’activité scientifique. 

Thiakhane Fakher se souvient encore de la réponse de de son camarade de classe d'alors ,un certain Jean-Paul Sincert, lorsque mademoiselle Alternance a demandé à chaque élève de lui dire en une phrase ce qu'il avait retenu comme essentiel après avoir parcouru le premier domaine du programme qui portait sur la réflexion philosophique,la réflexion sur l'être et la réflexion sur l'homme. Jean-Paul Sincert avait alors répondu qu’il avait surtout retenu deux propos de Socrate : « Tout ce que je sais c’est que je ne sais rien et je dois apprendre à me reconnaître »
...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire