mardi 7 juin 2011

Werner Heisenberg/Le concept de causalité chez Aristote et dans la science contemporaine


Historiquement parlant, l’application du concept de causalité à la règle de cause à effet est relativement récente. Dans les philosophies anciennes, le terme causa avait une signification bien plus générale qu’il ne l’a aujourd’hui. Se référant à Aristote, la Scolastique par exemple  parlait de quatre formes de «  causes ».On y trouve la causa formalis, qu’aujourd’hui on appellerait la structure ou le contenu conceptuel d’une chose, la causa materialis, c’est-à-dire la matière dont est faite une chose ; la causa finalis, qui est le but d’une chose et, enfin, la causa efficiens. Seule la causa efficiens correspond à peu près à ce que nous désignons  aujourd’hui par le terme de  cause.
La transformation du concept de causa dans le concept actuel de cause s’est produite au cours des siècles, en liaison  interne avec la transformation de la réalité entière, telle que les hommes la conçoivent, et avec la naissance des sciences de la nature au début de l’ère moderne.
La physique de Newton était ainsi conçue qu’on pouvait calculer à l’avance, à partir de l’état d’un système, à un moment déterminé, le mouvement futur du système. Que cela soit un principe de la nature, Laplace l’a formulé de la façon la plus générale et la plus compréhensible :il a forgé la fiction d’un démon qui qui a un moment donné, connaîtrait la position et le mouvement de tous les atomes et serait en mesure de calculer d’avance l’avenir total de l’univers .Si l »on veut prendre le terme de causalité au sens restreint, on parle aussi de «  déterminisme » et on entend par là qu’il y a des lois naturelles fixes qui déterminent rigoureusement l’état futur d’un système d’après l’état actuel .
Werner Heisenberg,La nature dans la physique contemporaine.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire